Vous l’avez peut-être déjà dite aujourd’hui. « Je suis désolé(e), mais… » est une expression courante dans les échanges professionnels ou personnels. Elle précède une demande, une opinion ou une remarque. À force de l’utiliser à tout bout de champ, elle s’est banalisée. Pourtant, les experts en psychologie comportementale sont formels : cette formulation trahit un réflexe de dévalorisation de soi.
S’excuser de manière excessive, notamment pour des situations où il n’y a pas lieu de s’excuser, peut envoyer un message implicite : celui que vous n’êtes pas légitime. Cela peut affecter la façon dont les autres vous perçoivent, mais aussi la façon dont vous vous percevez vous-même. C’est une manière subtile de saboter sa propre autorité et son affirmation personnelle.
Un mécanisme souvent genré et socialement intériorisé
Les études montrent que ce type de langage est plus souvent utilisé par les femmes que par les hommes. Ce phénomène n’est pas anodin : il s’inscrit dans une culture où on a longtemps enseigné à certaines personnes à "ne pas déranger", à être conciliantes, voire à minimiser leurs besoins ou leur présence.
En entreprise comme dans la sphère privée, ces excuses automatiques sont parfois interprétées comme un signe de faiblesse ou d’hésitation. Et elles peuvent, à la longue, freiner des opportunités : on hésite à prendre la parole en réunion, à demander une augmentation, ou à exprimer un désaccord.
Remplacer "je suis désolé(e), mais…" par une communication plus affirmée
Bonne nouvelle : il est possible de remplacer cette formule sans devenir brusque ou impoli. Dire « Merci d'avoir patienter » au lieu de « Désolé(e) du retard » est un bon début. De même, formuler une opinion directement en disant « Je pense que… » au lieu de « Désolé(e), mais je pense que… » renforce votre assertivité.
C’est un petit ajustement de langage, mais il peut faire une grande différence. En modifiant vos mots, vous ajustez aussi votre posture mentale. Vous vous positionnez non plus comme quelqu’un qui gêne, mais comme quelqu’un qui a sa place, ses idées, et le droit de les exprimer.
Une prise de conscience qui peut changer beaucoup
Être attentif aux expressions automatiques qu’on emploie au quotidien permet d’identifier les habitudes de pensée qui nous freinent. Certaines phrases, en apparence anodines, reflètent des mécanismes profonds : peur de déplaire, besoin d’approbation, manque de confiance…
Les changer n’est pas une question de formule magique. C’est un processus d’alignement entre ce que l’on dit et ce que l’on veut incarner. Et c’est souvent dans les détails que l’on commence à reprendre le pouvoir sur sa communication – et sur soi-même.